TOUTES LES RESSOURCESLe nucléaire est-il la solution aux énergies fossiles ?
FICHE Débat Primaire
PARTAGER
TÉLÉCHARGER

Le nucléaire est-il la solution aux énergies fossiles ?

Mine d'uranium dans le parc national de Kakadu, en Australie © Yann Arthus-Bertrand
Mine d'uranium dans le parc national de Kakadu, en Australie © Yann Arthus-Bertrand

L’énergie nucléaire émet très peu de CO2. Comme les énergies renouvelables, elle peut donc contribuer à la lutte contre le changement climatique. Le problème est qu’elle présente des risques importants, comme les accidents nucléaires et l’impossible gestion des déchets radioactifs.

Les centrales nucléaires n’émettent pas de gaz à effet de serre

La France dispose de 58 réacteurs nucléaires répartis dans 19 centrales. Cela en fait le pays le plus nucléarisé au monde, par rapport au nombre d’habitants : 72% de notre électricité est produite à partir d’uranium, contre 10% à l’échelle mondiale. Un atout incontestable pour limiter le changement climatique. En effet, l’énergie nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre, à l’image des énergies renouvelables.

Le nucléaire n’est toutefois pas totalement neutre en carbone car il faut aussi prendre en compte toute l’énergie consommée – et donc le CO2 libéré – pour creuser les mines d’uranium, transporter le minerai jusqu’aux centrales, l’enrichir, le retraiter, mais aussi pour construire les centrales, puis les démanteler. Tout compte fait, cela reste très raisonnable : une centrale nucléaire n’émet pas plus de CO2 que les éoliennes ou les panneaux solaires.

Le nucléaire a d’autres avantages : un seul réacteur peut fournir autant d’électricité qu’un millier d’éoliennes. En outre, alors que le vent et le soleil sont intermittents, l’énergie nucléaire est disponible à tout moment du jour et de la nuit. Le problème est que le nucléaire présente aussi de graves dangers pour l’homme et l’environnement.

Le nucléaire, responsable d’accidents dramatiques

En 1986, en raison d’erreurs humaines, la centrale ukrainienne de Tchernobyl a explosé, faisant voler en éclats la dalle de béton qui la protégeait. Toute la région, et une partie de l’Europe, ont été contaminées par les rejets radioactifs et 250 000 personnes évacuées. Plus de 30 ans après, une zone reste interdite dans un rayon de 30 km autour de la centrale.

Au loin, les restes de la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine). Au premier plan, la ville abandonnée depuis plus de 30 ans © Yann Arthus-Bertrand
Au loin, les restes de la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine). Au premier plan, la ville abandonnée depuis plus de 30 ans © Yann Arthus-Bertrand

A Fukushima, l’accident a été provoqué par une catastrophe naturelle. Le 11 mars 2011, un séisme a généré un tsunami qui a déferlé sur le Japon, faisant 20 000 morts. Dans la centrale nucléaire de Fukushima, les réacteurs ont explosé, provoquant des fuites radioactives. Les habitants ont été évacués dans un rayon de 20 km.

Alors que le tsunami a tué quasi-instantanément des milliers de Japonais, personne n’est mort autour de la centrale au moment de l’accident nucléaire. Les radiations sont responsables chez les personnes exposées de graves maladies qui se déclenchent plus tard, comme des cancers ou des malformations chez les futurs nouveau-nés.

Des centrales vieillissantes

Le risque d’accident est renforcé par le vieillissement des réacteurs nucléaires. Les 58 réacteurs français ne sont pas de toute jeunesse : ils sont âgés de 17 à 41 ans et sont contrôlés tous les dix ans. Théoriquement, la durée de vie d’un réacteur est fixée à 40 ans, mais EDF, qui gère les centrales, souhaiterait la prolonger jusqu’à 60 ans.

LA QUESTION DE SUNNY

Les canicules ont-elles un impact sur le nucléaire ?

La plupart des centrales françaises sont refroidies grâce à un cours d’eau, souvent le Rhône et la Loire. La multiplication annoncée des canicules pourrait être problématique, car la température des cours d’eau risque de s’élever et leur niveau de s’abaisser. En 2003, un quart des centrales françaises avait dû être arrêté à cause de la canicule.

L’imprévu : inondations, séismes, terrorisme

Il y a bien sûr les erreurs humaines, mais les catastrophes naturelles peuvent arriver ailleurs qu’à Fukushima. Des dizaines d’autres réacteurs nucléaires ont ainsi été construits dans des zones susceptibles de connaître des tremblements de terre, comme en Californie ou en Iran. L’incident de la centrale du Blayais, survenu lors de la tempête de 1999, montre que la France n’est pas à l’abri d’un imprévu climatique : la centrale a alors été inondée. La température a monté dans le cœur du réacteur. Au point que les autorités se sont préparées à évacuer la ville. Si elles ne sont pas suffisamment protégées, les centrales nucléaires peuvent aussi être exposées à des actes de terrorisme.

L’impossible gestion des déchets

L’explosion d’un réacteur n’est pas le seul risque à craindre. Il faut aussi compter avec les rejets dans l’environnement – l’air, l’eau ou les sols – de produits toxiques ou de substances hautement radioactives. Le transport des matières radioactives d’une région de France à une autre, par train ou par camion, représente lui aussi une menace pour l’environnement et les populations.

L’un des plus grands risques reste celui des déchets nucléaires dont la radioactivité persiste durant des milliers, voire des centaines de milliers d’années. Les plus dangereux sont coulés dans du verre en fusion et entreposés pendant 30 à 40 ans dans des conteneurs étanches en acier inoxydable. Il existe trois centres de stockage en France.

Une fois fermée, une centrale laisse derrière elle des milliers de tonnes de matières radioactives : métal, béton, gravats… Il faut compter 20 à 30 ans pour démonter un réacteur, et un coût équivalent à celui de sa construction. Si l’on prend l’exemple de la petite centrale bretonne de Brennilis dans le Finistère, arrêtée en 1985, son démantèlement sera achevé au plus tôt en 2038, soit plus de 50 ans après sa fermeture !

Les 58 réacteurs nucléaires français exploités par EDF en 2019 © IRSN
Les 58 réacteurs nucléaires français exploités par EDF en 2019 © IRSN

Arrêter le nucléaire ?

Après Fukushima, de nombreux pays comme l’Allemagne, la Belgique ou la Suisse ont annoncé leur sortie du nucléaire, la France, elle, hésite car l’industrie nucléaire emploie des milliers de personnes, s’exporte bien à l’étranger et représente un atout stratégique et militaire incontestable. Alors que le gouvernement avait promis de réduire d’ici 2025 la part du nucléaire de 72 à 50% dans la production d’électricité, il a repoussé cet objectif à 2035.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Greenpeace est né il y a 50 ans pour dénoncer le nucléaire

Greenpeace est une organisation de défense de l’environnement née en 1971 pour protester contre les essais nucléaires américains : une quinzaine de militants se rendent alors en Alaska, au cœur de la zone des essais, à bord d’un vieux chalutier. L’action fait sensation dans le monde entier et un an plus tard, les États-Unis annoncent la fin des essais nucléaires atmosphériques.

Entre les sommes colossales mobilisées pour l’amélioration de la sécurité, la gestion des déchets et le démantèlement des réacteurs, l’énergie nucléaire revient de plus en plus cher, ce qui pourrait être un frein à son développement.

Une étude estime qu’en France, une électricité produite de 80 à 100% par les énergies renouvelables en 2050 est tout à fait crédible. Les pertes d’emploi dans le nucléaire seraient compensées par les créations dans les énergies renouvelables.

Avantages et inconvénients de l’énergie nucléaire

Les plus

  • Une énergie qui n’émet pas de gaz à effet de serre
  • Une production électrique beaucoup plus importante que les énergies renouvelables
  • Une énergie disponible à tout moment
  • Une technologie qui ne nécessite pas autant de matériaux, notamment des métaux rares, que l’éolien ou le photovoltaïque
  • Un atout stratégique et militaire

Les moins

  • Risque d’accident nucléaire dans les centrales nucléaires ou lors du transport des substances radioactives (risque technique, climatique, terroriste ou erreur humaine)
  • Les déchets radioactifs dont la nocivité peut durer plus de 100 000 ans. Aucune solution durable de stockage
  • Rejet de certaines substances toxiques ou radioactives dans l’environnement lors du fonctionnement de la centrale
  • Des installations de plus en plus vieilles, avec des compétences qui se perdent, renforçant le risque d’accident
  • Les coûts cachés de cette énergie la rendent plus cher que prévu : il faut prendre en compte le coût élevé du démantèlement des centrales et la gestion des déchets

ES-TU UN ENERGÉNIE ? DEUX QUESTIONS POUR LE SAVOIR :

– Combien y a-t-il de centrales nucléaires en France ?

La France compte 19 centrales nucléaires sur tout le territoire. Chacune d’entre elles est formée de plusieurs réacteurs nucléaires. Il y a 58 réacteurs.

– Qu’est-ce qui peut causer un accident dans une centrale nucléaire ?

L’erreur humaine d’un employé, une catastrophe climatique, un tremblement de terre, un attentat terroriste, un problème technique dû au vieillissement de la centrale.

SUR CE SUJET, VOIR AUSSI LES FICHES

  • D’où vient, et où va, l’électricité ?
  • L’énergie nucléaire
  • Qu’est-ce que le changement climatique ?
  • L’énergie en France

QUELQUES SOURCES INTÉRESSANTES

PARTAGER
TÉLÉCHARGER

NOUS CONTACTER

Vous avez des questions sur le programme Mission Énergie ? Écrivez-nous !