Les voitures électriques sont perçues comme l’avenir de la mobilité, mais le sont-elles vraiment ? Car si le véhicule électrique a moins d’impact sur le climat qu’un véhicule essence ou diesel, il n’est pas écologique pour autant. Les batteries notamment sont responsables d’importantes émissions de CO2.
La situation en France et dans le monde
En 2018, près de 2 millions de voitures électriques ont été vendus dans le monde, portant le parc mondial à 5 millions : la moitié a été vendue en Chine et le reste principalement en Europe et aux Etats-Unis. Mais 5 millions de voitures électriques, cela ne représente que… 0,4% des voitures dans le monde ! Le chemin est encore long avant de supprimer totalement les voitures thermiques (à l’essence et au diesel), qui rejettent quotidiennement des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, contribuant ainsi au changement climatique.
En France, la vente des véhicules thermiques sera interdite en 2040. Ce qui sonne comme une excellente nouvelle. En effet, dans notre pays, les transports routiers, camions compris, contribuent à hauteur de 30% aux émissions de gaz à effet de serre. Il est donc urgent d’agir. Pour les remplacer, les voitures électriques font figure de favorites. Certains prédisent qu’en 2035, il y en aura 16 millions en France, soit 80 fois plus qu’en 2019 ! Mais, est-ce possible ? Et puis, est-ce vraiment souhaitable ? Car les voitures électriques n’ont pas que des avantages.
C’est quoi une voiture électrique ?
Les voitures électriques sont des véhicules équipés d’un moteur électrique. Ce moteur est alimenté par des batteries rechargeables sur le réseau électrique à la maison ou au bureau ou sur des bornes de recharge installées dans les villes. L’autonomie dépend de la puissance de leur batterie. Pour des trajets en ville, une petite batterie suffit, d’autant qu’elle coûte moins cher. En France, les voitures électriques ont souvent une autonomie d’environ 200 km.
Moins de pollution
La voiture électrique a un énorme avantage : contrairement aux voitures thermiques, elle n’utilise pas de carburants fossiles. Cela signifie qu’elle n’émet pas de gaz ou de particules qui polluent l’air et s’attaquent au cœur ou aux poumons.
Autre point : on oublie souvent la pollution sonore, mais dans de nombreuses villes, le bruit des voitures est devenu infernal et perturbe des millions d’habitants. La voiture électrique étant silencieuse, c’est un confort important à prendre en compte.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Une voiture “Jamais-contente” mais ultra-rapide !
La première automobile à avoir franchi le cap des 100 km/h était une voiture électrique ! De la forme d’une torpille sur roues, cette voiture avait été baptisée la “Jamais-Contente”. Le 29 avril 1899, ce petit bolide atteignit la vitesse record de 105,88 km/h. Malgré cet exploit, le moteur à essence l’emportera au 20e siècle sur le moteur électrique.
Des émissions de CO2 fortement réduites
Une voiture électrique n’émet pas de CO2 lorsqu’on roule. A l’usage, c’est donc 0 gramme de CO2. Mais c’est une autre histoire si l’on prend en compte le cycle de vie entier du véhicule, en intégrant toute l’énergie consommée du berceau à la tombe, autrement dit durant l’extraction des matières premières, la fabrication, le transport ou encore le recyclage. Environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre du véhicule électrique provient de sa production, contre moins de 10% pour un véhicule diesel. Cela est dû notamment à la fabrication des batteries et surtout à l’extraction, très énergivore, des métaux rares entrant dans leur composition.
Le point positif, c’est que ces émissions de CO2 liées à la fabrication sont progressivement compensées lorsque le véhicule électrique se met à rouler. On estime qu’au bout de 4 ans d’utilisation, son bilan écologique devient meilleur que celui d’une voiture thermique.
Mais attention, le comparatif n’est pas terminé : durant la phase d’usage, il faut vérifier d’où vient l’électricité qui alimente la batterie. En effet, dans des pays comme la Pologne ou la Chine qui produisent la majorité de leur électricité à partir du charbon, les véhicules électriques entraîneront de nouvelles émissions de CO2 à chaque recharge. Ce qui n’est pas le cas dans des pays comme la France ou la Suède, où l’électricité est « décarbonée » puisqu’elle vient essentiellement du nucléaire et des énergies renouvelables.
Tous comptes faits, à la fin de sa vie, une voiture électrique roulant en France aura émis deux à quatre fois moins de CO2 qu’un véhicule thermique. En revanche, une voiture électrique roulant en Chine aura un bilan carbone bien moins bon, tant que son électricité viendra du charbon.
Des batteries peu écologiques et mal recyclées
Une batterie de voiture électrique pèse très lourd, entre 250 et 500 kilos. Pour la fabriquer, il faut de nombreux métaux comme le nickel, le lithium, le cobalt ou le manganèse. L’extraction et le traitement de ces métaux ont de lourds impacts pour l’environnement. Le recyclage des batteries est donc un point essentiel, puisqu’il permet de récupérer les métaux des vieilles batteries et donc d’extraire moins de minerai pour en produire de nouvelles. Malheureusement, les batteries sont encore très mal recyclées.
La voiture électrique n’est plus si chère
A l’achat, une voiture électrique est plus chère qu’une voiture thermique, notamment en Europe, car les constructeurs investissent peu sur cette technologie. Mais cela est en train d’évoluer, d’autant que les États versent de généreuses subventions à ceux qui optent pour l’électrique. Au bout du compte, le coût total d’un véhicule est désormais proche, voire inférieur, à celui d’un diesel ou d’une essence dès 4 ans de possession.
LA QUESTION DE SUNNY
C’est quoi le système du bonus-malus ?
Le bonus est une aide financière qui incite les particuliers à acheter une voiture qui émette peu de CO2. Plus les émissions sont faibles, plus le bonus est élevé. A l’inverse, le malus est une taxe exigée sur les voitures neuves qui émettent beaucoup de CO2. Plus les émissions sont fortes, plus le malus est élevé.
Va-t-elle faire disjoncter notre réseau électrique ?
Si en 2035, la France comptait bel et bien 16 millions de voitures électriques, cela ne risquerait-il pas de peser trop lourd sur notre système électrique et de le faire disjoncter ? Il semble que le réseau français pourra sans difficulté supporter cette nouvelle charge. Enfin… à condition que tout le monde ne recharge pas sa voiture en même temps, le soir à 18 heures en rentrant du travail !
Un véhicule particulier n’est utilisé, en moyenne, que 4% du temps. Sinon, il est stationné, à domicile ou sur le lieu de travail. L’idée serait d’utiliser tous ces véhicules raccordés au réseau comme un moyen de stockage pour l’électricité. Par exemple, pourquoi ne pas programmer sa charge entre midi et deux, lorsque la production d’énergie solaire est plus importante ? Ou la nuit entre 2 heures et 4 heures, lorsque la consommation domestique est au plus bas ? Et pourquoi ne pas puiser dans la batterie de ce même véhicule lors d’un pic de consommation ? Ainsi utilisé, le véhicule électrique pourrait aider à lisser les périodes de forte consommation et les pics de production dus aux énergies renouvelables.
Alors, on passe au 100% électrique ?
Le véhicule électrique a donc moins d’impact sur le climat qu’un véhicule thermique mais il n’est pas écologique pour autant. Pour compenser la « dette CO2 » due à la fabrication des batteries, la phase d’usage des véhicules électriques doit être la plus longue possible : on devrait les mettre en auto-partage ou les utiliser plus de 20 ans.
Mais il ne faut pas croire que le milliard de véhicules roulant aujourd’hui sur la planète fonctionnera demain à l’électricité. Déplacer une seule personne dans un véhicule de plus d’une tonne n’est pas durable, qu’il fonctionne au pétrole ou au courant électrique. Il est indispensable d’alléger les véhicules, d’augmenter leur taux de remplissage, d’en diminuer le nombre, de favoriser le vélo et les transports en commun… En résumé, il faut changer notre façon de nous déplacer.
AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS DE LA VOITURE ÉLECTRIQUE
Les plus
- Pas d’émissions de CO2 durant l’utilisation dans des pays comme la France où l’électricité est décarbonée
- Meilleure qualité de l’air : pas de gaz d’échappement nocif pour la santé, ni de particules fines
- Sur tout le cycle de vie, moins d’émissions qu’un véhicule thermique si on roule beaucoup
- Silencieux, réduit la pollution sonore
- Une voiture qui recharge sa batterie peut servir à équilibrer le système électrique. Elle peut notamment permettre de mieux utiliser l’électricité issue des énergies renouvelables
Les moins
- Emissions de CO2 durant l’utilisation dans des pays comme la Chine où l’électricité provient du charbon
- Emissions de CO2 durant la fabrication des batteries (extraction de métaux rares)
- Impact sur l’environnement dans les pays où sont extraits les métaux rares
- Recyclage insuffisant des batteries
- On ne fait que changer de véhicule alors qu’il est essentiel de réinventer notre façon de nous déplacer et de développer les transports en commun pour moins consommer moins d’énergie
ES-TU UN ENERGÉNIE ? DEUX QUESTIONS POUR LE SAVOIR :
Combien pourrait-il y avoir de voitures électriques en France en 2035 ?
16 millions ! Ce sont les calculs de RTE, la filiale d’EDF qui s’occupe du transport de l’électricité. Début 2019, on en comptait 220 000, cela signifie qu’on multiplierait le nombre actuel par 80 !
Quel est le moment de sa vie où une voiture électrique émet le plus de CO2 ?
C’est durant sa phase de fabrication, et plus précisément durant la phase de production de sa batterie, car les batteries nécessitent l’extraction de métaux, une activité minière qui consomme beaucoup d’énergies fossiles.
SUR CE SUJET, VOIR AUSSI LES FICHES
- Le pétrole
- Les transports
- Pour ou contre les biocarburants ?
- POSTER / Se déplacer en émettant moins de CO2
QUELQUES SOURCES INTÉRESSANTES
- Véhicule électrique, un remède pire que le mal ? Débat vidéo, juin 2019, Actu-Environnement
- Une chance nouvelle pour le système électrique et la collectivité. Le véhicule électrique, RTE, le MAG, Dossier février 2019.
- Etude RTE/Avere-France : une intégration de la mobilité électrique sans difficulté pour le réseau, mai 2019, Dossier complet ICI
- En anglais : Electric Vehicles – The truth , septembre 2018, Transport & Environment
- Pollution : un match serré entre voitures thermiques et électriques, décembre 2018, Eucheck France
- La voiture électrique tisse sa toile, 8 juillet 2019, Le Monde.
- Vraiment écolo, la voiture électrique ? 11 août 2019, Le Parisien.