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Quels moyens pour faire bouger les États ?

Une famille naufragée après l’inondation de sa maison au sud de Dakha (Bangladesh) © Yann Arthus-Bertrand
Une famille naufragée après l’inondation de sa maison au sud de Dakha (Bangladesh) © Yann Arthus-Bertrand

Depuis plus de 30 ans, les scientifiques alertent les États de l’urgence climatique. Pourtant, rien ne change : les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter. Et chaque année, on bat des records de températures. Heureusement, pour secouer les États et faire bouger les choses, des solutions existent.

Dès les années 1970, de premières alertes ont retenti sur le risque d’un réchauffement climatique dû aux activités humaines et notamment à la combustion des énergies fossiles. En 1988, l’Organisation des nations unies (ONU) elle-même, qui regroupe la quasi-totalité des États de la planète, a décidé de créer une plateforme scientifique, le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), pour les informer sur l’évolution du climat. Cela fait plus de 30 ans désormais que les chercheurs alertent la communauté internationale de l’urgence climatique. Et que se succèdent les sommets sur le climat, les fameuses « COP ». Pourtant, rien ne change : les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter et chaque année, on bat des records de températures. Heureusement, pour secouer les États et faire bouger les choses, des solutions existent.

La justice climatique

Depuis une dizaine d’années, les procès climatiques se multiplient dans le monde. Il y en a plus d’un millier aujourd’hui. Puisque les dirigeants peuvent enfreindre le droit international sans encourir aucune sanction, des citoyens et des associations ont décidé de se tourner vers la justice de leur pays pour défendre le climat.

Le premier grand succès remonte à 2015. Agissant au nom de 886 citoyens néerlandais, la fondation Urgenda a marqué l’histoire du droit en faisant condamner les Pays-Bas pour leurs efforts insuffisants contre le réchauffement climatique : un tribunal de La Haye a exigé du gouvernement qu’il réduise de 25% les émissions nationales de CO2 d’ici à 2020 (par rapport à 1990). Cette victoire surprenante a inspiré des initiatives similaires en Grande-Bretagne, en Nouvelle-Zélande, en Belgique ou encore en France avec l’Affaire du Siècle.

L’association Urgenda et ses avocats se réjouissent de leur victoire en justice le 24 juin 2015 © Urgenda / Chantal Bekker
Le 24 juin 2015, l’association Urgenda et ses avocats se réjouissent de leur victoire en justice contre l’Etat des Pays-Bas © Urgenda / Chantal Bekker

Ces procès ne sont pas réservés aux adultes. Désormais des enfants et des adolescents saisissent eux-mêmes la justice. C’est le cas de l’affaire Juliana aux États-Unis, où une vingtaine de jeunes âgés de 10 à 21 ans poursuivent l’État pour défendre leur droit à vivre dans un « climat stable ». En Europe, une dizaine de familles a attaqué l’Union européenne en réclamant des mesures plus efficaces contre le changement climatique. C’est l’affaire People’s climate case. En septembre 2019, seize adolescents dont la jeune Suédoise Greta Thunberg ont, quant à eux, déposé plaintedevant le Comité des droits de l’enfant des Nations unies afin de protester contre l’inaction des gouvernements face à la crise climatique.

LA QUESTION DE SUNNY

C’est quoi l’Affaire du Siècle ?

C’est le nom donné à l’action en justice engagée en mars 2019 par quatre associations contre l’État français afin de dénoncer l’insuffisance des mesures prises par le gouvernement pour lutter contre le changement climatique. Quelques mois plus tôt, une pétition lancée par ces mêmes associations avait recueilli plus de 2 millions de signatures des citoyens. Du jamais vu en France ! Car si les dirigeants français proclament haut et fort qu’ils s’engagent pour le climat, concrètement, la France ne respecte pas ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.

Le droit de la nature

Et si la nature avait des droits, ne serait-il pas plus facile de la défendre devant les tribunaux ? C’est le raisonnement fait en 2008 par l’Équateur qui a reconnu la « Terre mère » (ou Pacha Mama) comme un sujet de droit à part entière. Ce mouvement a été suivi en mars 2017 par l’Inde et la Nouvelle-Zélande. En Nouvelle-Zélande, le Parlement a accordé au fleuve Whanganui les mêmes droits qu’une personne. Le cours d’eau est désormais représenté par deux « gardiens » : un membre de la tribu maori et un autre du gouvernement. Devant le juge, ces deux gardiens parleront au nom du fleuve, de la même manière qu’un adulte parlerait au nom d’un enfant.

Quelques jours plus tard, le Gange et la Yamuna, deux fleuves considérés comme sacrés en Inde, ont obtenu à leur tour la personnalité juridique, à égalité avec un être humain. Les juges indiens ont également accordé la personnalité juridique à des lacs, des forêts et des glaciers d’Himalaya. Désormais, tout citoyen peut saisir la justice en leur nom pour dénoncer des pollutions industrielles ou des impacts climatiques.

La mobilisation citoyenne

Mais on n’est pas obligés de saisir la justice pour faire bouger les choses. On peut agir seul ou à plusieurs de différentes manières. En voici quelques exemples :

  • La mobilisation des scientifiques

Longtemps, les scientifiques ont choisi de rester en retrait, estimant que leur unique travail était de faire de la recherche et d’amener les preuves du changement climatique. Mais voyant que les dirigeants ne prenaient pas la science au sérieux, ils ont choisi de sortir de leur réserve. En 1992, les 1 500 plus grands scientifiques mondiaux, dont une centaine de prix Nobel, ont publié une tribune historique pour donner l’alerte : « Pour éviter de grandes misères humaines et empêcher la mutilation irréversible de notre planète, il nous faut opérer un changement profond dans notre gestion de la Terre et de la vie qu’elle recèle », avertissaient-ils déjà. Quant au changement climatique, « les risques sont énormes », prévenaient-ils.

Vingt-cinq ans plus tard, cette alerte étant restée lettre morte, ce ne sont plus 1 500, mais 15 000 scientifiques inquiets qui ont pris la plume. En 2017, ils ont alerté l’humanité, avec ces mots simples : « le temps presse ». Nous devons « modérer notre consommation matérielle intense », symptôme « d’une économie fondée sur la croissance » et « prendre conscience que la croissance démographique rapide et continue est l’un des principaux facteurs des menaces environnementales et même sociétales ».

  • Les marches pour le climat et la mobilisation citoyenne

En France, les marches pour le climat sont apparues à l’occasion de la COP21 à Paris en novembre 2015. Objectif : faire pression sur les dirigeants afin qu’ils prennent des mesures pour lutter contre le changement climatique.

La démission le 29 août 2018 du ministre français de l’Écologie, Nicolas Hulot, a également constitué un électrochoc pour de nombreux citoyens qui ont compris la gravité de la situation et décidé alors de militer pour la défense du climat.

Dans le sillage de la COP21 et de la démission de Nicolas Hulot, de nombreux mouvements sont apparus comme Notre Affaire à Tous, les Citoyens Pour Le Climat (CPLC), Youth for Climate, Extinction Rebellion… Ils ont rejoint d’autres mouvements qui militaient déjà pour le climat comme Alternatiba et son bras dédié à l’action non-violente ANV-COP21, ATTAC, France Nature Environnement, le Réseau Action Climat et bien d’autres. Si l’on veut agir, il suffit de choisir l’association ou le mouvement dont les idées et les modes d’action nous correspondent le plus.

Quelques mouvements qui luttent contre le changement climatique. Extinction Rebellion (en haut à droite) a pris pour symbole un cercle, représentant la Terre, avec au centre un sablier, signe de l’urgence à agir.
Quelques mouvements qui luttent contre le changement climatique. Extinction Rebellion (en haut à droite) a pris pour symbole un cercle, représentant la Terre, avec au centre un sablier, signe de l’urgence à agir.

Alors bien sûr il y a les manifestations dans la rue, mais cela n’exclut pas d’autres modes d’action. On voit ainsi s’organiser de plus en plus d’actions de désobéissance civile, la plupart non-violentes, comme l’occupation d’espaces publics par Extinction Rebellion ou le décrochage des portraits d’Emmanuel Macron par des militants d’ANV-COP21, pour protester contre l’inaction du président français, qui multiplie les prises de parole à l’international mais manque d’ambition en France. En Allemagne, des milliers de militants occupent régulièrement des mines de charbon afin d’obtenir leur fermeture.

Les militants d'ANV-COP21 devant le tribunal d'Orléans en soutien aux décrocheurs de portraits présidentiels, le 13 septembre 2019 © ANV-COP21
Les militants d’ANV-COP21 devant le tribunal d’Orléans en soutien aux décrocheurs de portraits présidentiels, le 13 septembre 2019 © ANV-COP21
  • La grève de l’école

Les jeunes ne sont pas en reste. Même s’ils s’en défendent, les hommes politiques sont mal à l’aise face aux grèves de l’école lancées par la militante suédoise Greta Thunberg. A l’automne 2018, l’adolescente alors âgée de 15 ans s’est fait connaître par ses « grèves du vendredi » (#FridayStrike) : plutôt que d’aller en cours, cette ado reconnaissable à ses longues tresses brunes a décidé de faire un sit-in devant le Parlement suédois afin de forcer le gouvernement à prendre des mesures efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Pourquoi devrions-nous étudier pour un futur qui n’existera bientôt plus ? » s’interroge-t-elle.

Premiers concernés par le changement climatique, les jeunes ont entendu son appel et se sont mis à faire la grève de l’école par milliers dans leurs pays respectifs, provoquant bien souvent la colère et l’incompréhension des politiques. En France, la première grosse mobilisation a eu lieu 22 février 2019, Greta Thunberg avait alors pris la tête du cortège parisien. La réaction des adultes est très différente d’une personne à l’autre. Alors que certaines écoles, convaincues du bien-fondé de ces actions, excusent les élèves absents, d’autres choisissent au contraire de les sanctionner.

Les jeunes Français manifestent à Paris le 22 février 2019, accompagnés (au centre) de Greta Thunberg
Les jeunes Français manifestent à Paris le 22 février 2019, accompagnés (au centre) de Greta Thunberg

C’est à l’âge de huit ans que Greta a commencé à prendre conscience de la réalité du changement climatique. Elle s’est mise à lire sur le sujet, à rencontrer des scientifiques, forçant ses parents à changer leur mode de vie. Sept ans plus tard, elle devenait un exemple pour les enfants et les adolescents de Suède et d’ailleurs, n’hésitant pas à interpeller les responsables économiques et politiques du monde entier.

Son discours à la COP24, en décembre 2018, a braqué sur elle les projecteurs avec ces reproches aux chefs d’État et de gouvernement : « Vous n’êtes pas assez matures pour dire les choses comme elles sont. (…) Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout et pourtant vous volez leur futur devant leurs yeux. »

LE SAVIEZ-VOUS ?

Défendre le climat au nom des “générations futures”

Plusieurs plaintes ont été déposées en justice pour la défense des générations futures. Les générations futures, ce sont nos futurs enfants et leurs enfants qui récupéreront la planète que nous leur laisserons. La sagesse voudrait que les générations actuelles vivent d’une façon durable et limitent le changement climatique au maximum, afin de ne pas compromettre la vie des générations futures. C’est ce qui est résumé dans cette vieille formule indienne : « On n’hérite pas la terre de nos ancêtres, on l’emprunte à nos enfants ».

  • L’engagement politique

La politique, c’est participer à la vie de la cité. Pour faire bouger les choses, il ne faut pas négliger l’importance que peut jouer la politique, même au niveau local, même au niveau de son école. Cela peut prendre des formes multiples :

  • Voter, lors des élections, pour des partis qui œuvrent en faveur de l’environnement.
  • Boycotter des entreprises qui émettent des gaz à effet de serre, en n’achetant pas leurs produits.
  • Signer des pétitions pour obliger les maires, les députés, les sénateurs ou le gouvernement, à prendre des lois plus efficaces.
  • Organiser des groupes de parole à l’école pour évoquer ces sujets.
  • S’impliquer dans la vie locale, participer aux initiatives en faveur du climat ou de l’environnement.

SUR CE SUJET, VOIR AUSSI LES FICHES

  • Qu’est-ce que le changement climatique ?
  • Le climat, une affaire d’États
  • Comment réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre ?
  • Des éco-gestes suffiront-ils à sauver le climat ?

QUELQUES SOURCES INTÉRESSANTES

LA CITATION POUR ALLER PLUS LOIN

Nous les jeunes, nous devons nous mettre en colère. Nous devons réaliser que c’est notre avenir qui est en jeu. […] Nous devrions nous éduquer nous-mêmes et engager des changements au niveau individuel : arrêter de prendre l’avion, devenir végétarien...

Cette phrase, Greta Thunberg l’a prononcée en décembre 2018 lors de la COP24 de Katowice en Pologne lors d’une prise de parole face à des journalistes. Quelques jours plus tard, le 14 décembre, elle prononcera un discours qui marquera les esprits devant les chefs d’État et de gouvernement du monde entier. Vous pouvez le regarder ici :

Le discours de Greta Thunberg aux chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier lors de la COP24 de Katowice en Pologne, le 14 décembre 2018

Le 23 septembre 2019, c’est son discours à New York qui a fait la une des journaux.

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