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Les villes à l’avant-garde des économies d’énergie

Collecte de canettes de soda dans l’attente d’être recyclées sur l’île de Beveland aux Pays-Bas © Yann Arthus-Bertrand
Collecte de canettes de soda dans l’attente d’être recyclées sur l’île de Beveland aux Pays-Bas © Yann Arthus-Bertrand

Plus de la moitié de l’humanité vit en ville. Quelle que soit leur taille, les villes jouent un rôle essentiel dans la lutte climatique. De Bogota à San Francisco, en passant par Langouët et Copenhague, elles rivalisent d’ardeur et d’ingéniosité pour économiser l’énergie et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Les villes aux premières loges du changement climatique

Jamais autant d’êtres humains n’ont vécu en ville. Elles abritent désormais un peu plus de la moitié de l’humanité. Ce sera 70% en 2050, avec des mégapoles qui compteront plus de 10 millions d’habitants. Canicules, pénuries d’eau, inondations… Les villes sont déjà, et seront de plus en plus durement frappées par les impacts du changement climatique. Ces impacts pourront avoir des conséquences sur la santé, les biens et les moyens de subsistance, en particulier pour les plus pauvres.

Les inondations y sont souvent plus graves qu’à la campagne, car en ville, les sols, recouverts par du bitume ou du béton, ont été rendus imperméables et les eaux de pluie ne trouvent plus à s’évacuer naturellement. Les villes favorisent en outre la formation d’îlots de chaleur, où la température est encore plus élevée (cf. la question de Sunny).

LA QUESTION DE SUNNY

C’est quoi un îlot de chaleur urbain ?

C’est le nom donné à un phénomène observé en ville, où la température peut être de 2 à 4°C plus élevée que dans la campagne voisine. Durant les canicules, la différence peut même atteindre 10°C ! Cette différence de température se ressent plus la nuit qu’en journée. Certaines activités humaines provoquent un réchauffement de l’atmosphère, tout comme l’absence de végétation et la présence de matériaux sombres tels le bitume ou le béton qui absorbent la chaleur. En été, les climatiseurs accentuent la hausse des températures car ils rejettent la chaleur de l’intérieur du logement vers l’extérieur.

Avec l’élévation du niveau de la mer, qui pourrait atteindre plus d’un mètre en 2100, les villes côtières, exposées au risque de submersion, sont encore plus vulnérables. Actuellement, les zones côtières de basse altitude abritent près de 700 millions de personnes, soit 10% de la population mondiale, un chiffre qui atteindra plus d’un milliard en 2050. Dans de nombreux pays d’Asie comme le Vietnam, le Bangladesh ou la Chine, des populations vivant sur le littoral devront quitter leur foyer pour s’établir ailleurs.

Les villes, grandes émettrices de gaz à effet de serre

Si les villes sont impactées par le changement climatique, elles y contribuent aussi fortement. En effet, elles couvrent moins de 2% de la surface de la Terre mais consomment 78% de l’énergie mondiale et produisent plus de 60% des émissions de CO2, selon l’ONU.

Pour lutter contre le changement climatique, l’action des villes est donc déterminante. D’autant que plusieurs études s’accordent à dire que 70% des mesures de réduction des émissions se prennent au niveau local : le développement des transports en commun et des pistes cyclables, le déploiement des énergies renouvelables et de l’électricité propre pour les bâtiments et les éclairages publics, le recyclage et la valorisation des déchets…

Une cycliste sur les quais à Paris © Mairie de Paris
Une cycliste sur les quais à Paris © Mairie de Paris

Les villes se regroupent pour agir plus efficacement

Les villes ont le pouvoir de contrebalancer l’immobilisme de certains gouvernements. Ainsi depuis l’annonce par Donald Trump le 1er juin 2017 du retrait des États-Unis de l’accord de Paris, des dizaines de villes et d’États américains se sont engagés à respecter cet accord international sur le climat. Villes, États, entreprises, universités, citoyens se sont regroupés au sein de plusieurs coalitions et organisés pour continuer à agir à leur niveau.

Dès 2006, l’ancien maire de Londres a créé une coalition de plusieurs villes, le C40, pour lutter contre le changement climatique. Présidé depuis 2016 par la maire de Paris, Anne Hidalgo, le C40 regroupe aujourd’hui une centaine de grandes villes qui toutes se sont engagées à atteindre zéro émission de gaz à effet de serre d’ici 2050. Les maires du C40 disent s’engager pour compenser l’inaction de certains gouvernements, comme les États-Unis ou le Brésil, qui « nient la science et servent les intérêts de l’industrie du pétrole ».

Désormais, 66 000 bus électriques circulent dans les villes du C40, contre une centaine en 2009. Plus de 80 de ces grandes agglomérations ont mis en place un service de vélo partagé comme Velib à Paris, 24 se sont engagées à atteindre 100% d’électricité renouvelable d’ici 2030 et 17 ont restreint la circulation des véhicules les plus polluants.

L’intérêt de telles coalitions est de gagner du temps : pourquoi tout commencer de zéro, alors qu’une autre ville a peut-être déjà surmonté une difficulté similaire ? Pour Paris, la principale menace est une inondation exceptionnelle, qui serait équivalente ou supérieure à la crue de 1910 : en effet, le lit de la Seine a été massivement urbanisé et aujourd’hui, 60% des zones inondables sont bâties. Pour se préparer à cette catastrophe climatique, Paris pourrait s’inspirer d’autres villes confrontées au même risque comme Rotterdam aux Pays-Bas.

La crue de la Seine en 1910. Photo publiée dans le journal L’Illustration, le 29 janvier 1910. © Archives de Paris
La crue de la Seine en 1910. Photo publiée dans le journal L’Illustration, le 29 janvier 1910. © Archives de Paris

Pas besoin d’être une mégapole pour agir ! De nombreux maires de petites villes se sont inspirés partout dans le monde du mouvement lancé en 2006 par l’Anglais Rob Hopkins à Totnes, une ville de 8 000 habitants située au Royaume-Uni : le mouvement des Villes en transition. Dans un livre publié en 2010, ce professeur en permaculture expliquait comment il était devenu urgent de changer de modèle de société, de se passer du pétrole, de réduire notre consommation d’énergie et de revenir à une économie locale, où chaque citoyen est encouragé à prendre des initiatives personnelles.

QUELQUES VILLES EN POINTE DANS LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

UNGERSHEIM (France), une ville alsacienne en transition

La calèche qui emmène les enfants à l’école d’Ungersheim matin et soir. Capture d’écran du film Qu’est-ce qu’on attend ? de Marie-Monique Robin
La calèche qui emmène les enfants à l’école d’Ungersheim matin et soir. Capture d’écran du film Qu’est-ce qu’on attend ? de Marie-Monique Robin

Situé en Alsace, le village d’Ungersheim est devenu en quelques années un véritable modèle en matière de transition écologique. Cette commune de 2 000 habitants est devenue indépendante en énergie et en nourriture. A l’origine de la plus grande centrale photovoltaïque d’Alsace, elle s’est également équipée d’une chaufferie en bois pour alimenter les équipements municipaux. Côté alimentation, Ungersheim possède son propre jardin biologique qui approvisionne les habitants et les cantines scolaires. Un approvisionnement local qui réduit l’empreinte carbone due au transport. D’ailleurs, à Ungersheim, finis les bus scolaires : c’est une calèche tirée par un cheval qui emmène chaque jour les enfants à l’école. Ces initiatives ont permis à la commune de réduire de 600 tonnes par an ses émissions de gaz à effet de serre.

LANGOUËT (France), la commune bretonne 100% écolo

Six cent habitants et un maire un peu inventif suffisent à faire changer les choses. C’est ce que démontre depuis quinze ans le village de Langouët, une petite commune bretonne située à une vingtaine de kilomètres de Rennes. La créativité et la ténacité de son maire, Daniel Cueff, y sont pour beaucoup. Il y a 15 ans, l’école maternelle et primaire de Langouët est devenue la première en France à couvrir son toit de panneaux photovoltaïques, la première aussi dont la cantine est passée au bio. Depuis, elle a continué sa transition : construction d’un lotissement écologique pour les ménages modestes, voitures en auto-partage, production d’électricité verte… A l’été 2019, M. Cueff a fait parler de lui en prenant sur sa commune un arrêté interdisant l’épandage des pesticides à moins de 150 mètres des maisons. Plébiscitée par les habitants, cette décision a été interdite par la préfecture.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Pour mieux résister au changement climatique, les villes doivent s’adapter.

La baisse des émissions est essentielle pour lutter contre le changement climatique. C’est l’ATTÉNUATION. Mais ce n’est pas suffisant : il faut y ajouter l’ADAPTATION. Les villes doivent absolument adapter leurs infrastructures afin de se préparer à mieux affronter les impacts du changement climatique et limiter les dégâts. Une ville doit être capable de réagir rapidement, efficacement, à moindre coût et d’une manière équitable pour tous ses habitants, riches ou pauvres. Certaines mesures sont simples et peu coûteuses, comme planter des arbres, d’autres nécessitent de plus gros investissements comme la construction de digues.

SAN FRANCISCO (Californie, États-Unis), championne du zéro déchet

La collecte, le transport et le traitement des déchets consomment de l’énergie. Réduire leur volume est essentiel si l’on veut réduire les émissions de gaz à effet de serre. En 2002, San Francisco s’est engagée à parvenir au « zéro déchet » d’ici à 2020. Autrement dit : recycler ou composter 100% de ses détritus à l’horizon 2020. Chaque habitation est désormais équipée de trois poubelles : une verte pour le compostage, une bleue pour le recyclage et une noire pour le reste des déchets. Plus la poubelle noire est légère, moins on paie de taxe. Pas sûr que San Francisco atteigne un jour les 100% de recyclage, mais en 2019, la cité américaine était déjà parvenue à un taux très honorable de 80%, alors que la moyenne américaine se situe aux alentours des 34% et que l’Union européenne s’est fixé l’objectif de 50% en 2020.

TORONTO (Canada) se rafraîchit grâce à une climatisation naturelle

Avec le réchauffement climatique, il devient de plus en plus difficile de se passer de la climatisation dans certaines villes l’été. Le problème est que la climatisation consomme énormément d’énergie. Depuis 2004, la ville de Toronto a trouvé la solution miracle : elle puise de l’eau en profondeur dans le lac Ontario – une eau bien fraîche à moins de 4°C ! – et l’injecte dans un système de canalisations pour refroidir une soixantaine de bâtiments du centre-ville. Ce système peut climatiser jusqu’à 3 millions de mètres carrés ! Il a permis de réduire les dépenses d’énergie liées à la climatisation de 90% et d’éviter d’utiliser des gaz réfrigérants comme les HFC, présents dans les climatiseurs et nocifs pour le climat.

COPENHAGUE (Danemark), le royaume des cyclistes

La ville danoise de Copenhague promet d’être la première à atteindre la neutralité carbone, en 2025 © C40
La ville danoise de Copenhague promet d’être la première à atteindre la neutralité carbone, en 2025 © C40

90 000 tonnes de CO2 : c’est ce que la capitale danoise est parvenue à économiser en remplaçant le trafic automobile par des bicyclettes. Propres et silencieux, les vélos sont un moyen peu onéreux de révolutionner une ville. En favorisant le vélo et en multipliant les pistes cyclables, Copenhague a gagné son pari : désormais, la ville compte plus de vélos que d’habitants ! Plus d’un tiers des habitants choisissent d’enfourcher leur vélo et parcourent en moyenne 3 kilomètres par jour. Cerise sur le gâteau : cela encourage une activité sportive régulière, dont les bénéfices pour la santé ont été prouvés.

BOGOTA (Colombie) et les bus rapides

De nombreuses mégapoles dans le monde sont paralysées chaque jour par des embouteillages monstres, qui polluent l’atmosphère et relâchent des tonnes de gaz à effet de serre. Pour améliorer la situation, Bogota a décidé en 2000 de mettre en place un service de bus rapides, le Transmilenio, l’un des tout premiers du genre sur le continent. Les bus circulent sur plusieurs centaines de kilomètres de voies réservées, à horaires fixes, ce qui permet un transport rapide et efficace. Les prix, fixes et moins élevés que pour les autres transports, ont convaincu les Colombiens de l’utiliser. Les embouteillages ont grandement diminué et la ville a réduit ses émissions de 350 000 tonnes par an.

SUR CE SUJET, VOIR AUSSI LES FICHES

  • Qu’est-ce que le changement climatique ?
  • Le climat, une affaire d’États
  • Les éco-gestes suffiront-ils à sauver le climat ?
  • Comment réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre ?

QUELQUES SOURCES INTÉRESSANTES

LE DIAGRAMME POUR ALLER PLUS LOIN

UN PARIS PLUS VERT SERAIT UN PARIS MOINS CHAUD

Sur ce diagramme, la courbe vert clair représente la température pour l’agglomération parisienne. On voit qu’il fait plus chaud dans le centre de Paris qu’en banlieue : c’est l’îlot de chaleur urbain. Plus on s’éloigne vers la campagne, les bois et les espaces verts, plus la température baisse. La courbe vert foncé représente la température atteinte si on ajoutait 30% de forêts en Île-de-France et qu’on développait l’agriculture maraîchère autour de Paris.

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