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Études supérieures et environnement: envie d’un métier qui a du sens ?

Train à grand vitesse
Train à grande vitesse

Suite à la revendication des étudiants pour une formation en phase avec leurs valeurs éthiques et écologiques (« Manifeste étudiant pour un réveil écologique »), l’Estaca, école d’ingénieurs dans les transports, fait le pari du train.  Pourquoi le train ? Car pour un même trajet de 500 km, le train pollue 55 fois moins que la voiture… et 95 fois moins que l’avion !

Pour en savoir plus sur cette filière d’avenir, nous avons interrogé Olivier Tribondeau, responsable du cursus ferroviaire, et chargé du développement durable dans toute l’école

GoodPlanet : La filière ferroviaire n’est pas nouvelle à l’Estaca. Qu’est-ce qui lui fait prendre de l’essor ?  

Olivier Tribondeau : On s’aperçoit que c’est le moyen de transport le plus écolo, et donc on souhaite le développer pour répondre à la demande des étudiants qui veulent s’engager dans des métiers en relation avec l’environnement. 

On vient de rénover la filière, j’ai créé deux chaires de recherche, on est associé à la création d’un ferrocampus à Saintes et la maison européenne du ferroviaire à Nîmes.

« Le ferroviaire, c’est une filière qui est trop peu connue. (…) Je pense qu’il y a vraiment de la place pour les jeunes passionnés »

Et qu’est-ce qui vous a motivé personnellement à vous lancer dans ce projet de la rénovation du cursus ? 

Olivier : Je me suis appuyé sur mes convictions personnelles. (…) Parce que c’est une filière qui est trop peu connue et qui pourtant est passionnante. Parce que je pense qu’il y a vraiment de la place pour les jeunes passionnés, et pour les jeunes qui veulent participer à une activité d’intérêt général. 

Pourquoi c’est passionnant, le ferroviaire ?  

Olivier : Parce qu’on a besoin d’à peu près toutes les technologies, qu’on s’occupe aussi des dimensions sociales, de l’aménagement de la ville, de l’aménagement du territoire, des besoins de service, on doit travailler sur l’intégralité d’un système pour rendre l’ensemble du système efficace, donc pas simplement sur le mobile, mais aussi sur l’infrastructure. Parce que c’est captivant, c’est passionnant de travailler pour l’intérêt général, pour améliorer la situation des populations, que ce soit pour se déplacer en ville, dans les banlieues, (…) dans les régions, pour aller en vacances… il y a des vrais défis technologiques. Il y a donc vraiment une vision d’ensemble et un  fort sentiment d’utilité.  

« Si tous les gens qui prennent le train pour aller à Gare du Nord venaient en voiture, il faudrait trois arrondissements de parking »

Mais ce qui est intéressant pour les jeunes, c’est aussi tous les records : le train peut aller jusqu’à presque 600 km/h, il peut déplacer 3500 personnes dans un seul train ! La ligne A du RER, c’est 1 200 000 personnes par jour. L’espace utilisé par le train est très minime par rapport à son utilité. Pour vous faire une idée : si tous les gens qui prennent le train pour aller à Gare du Nord venaient en voiture, il faudrait trois arrondissements de parking. Alors que le RER A, lui, permet autant de trajets qu’une autoroute de 16 voies. Que la plus grande gare de Tokyo accueille 1,3 milliards de personnes par an. 1,3 milliards de personnes par an !! Et tout ça, en ne produisant que 0,3% des gaz à effet de serre du transport.

Pouvez-vous me parler un peu du contenu des cours, pour en donner une idée aux lycéens ?  

Olivier : Alors là… c’est très riche et très varié !  

Pour faire bref, on va déjà apprendre les fondamentaux de l’environnement et l’impact des productions sur la santé humaine, pour ensuite pouvoir travailler sur ce qu’on appelle de l’écoconception (…). Et puis après, on va développer des cours qui vont permettre de comprendre la fabrication du service du train depuis le début (par exemple, comment est-ce qu’on identifie les besoins d’une ville, d’une agglomération (…)). Ensuite, comment exploiter une ligne : par exemple, on va régler tous les sujets d’accélération, de freinage, on va essayer de rendre la circulation la plus fluide possible pour pouvoir consommer le moins d’énergie possible. (…) Et tout ça, avec un objectif extrêmement important de sécurité, car le transport ferroviaire est un des transports les plus sécurisés qui soient.

Vous pourriez nous donner des exemples de projets que les élèves sont en train de créer ? 

Olivier : Les étudiants vont créer un prototype de navette ultra-légère et autonome, pour toutes les zones rurales. Ils vont réfléchir à la création d’un TGV de nuit, pour remplacer une partie du trafic aérien. Ils vont travailler sur l’augmentation des capacités des RER pour pouvoir transporter plus de monde avec le même train, ce qui permet évidemment de réduire la facture énergétique par déplacement. On va travailler aussi sur des projets pour pouvoir faire des navettes qui vont aussi bien sur le rail que sur la route ! Ou comment aménager les RER de manière à pouvoir emporter beaucoup plus de vélos. Voilà, des exemples de projets. 

Pensez-vous que le train est toujours bon pour l’écologie ? 

Olivier : Non. Moi ce que je dis, c’est qu’il ne faut pas un recours aveugle au train, mais un recours adapté. Le train, ce n’est vraiment une solution que quand il y a suffisamment de gens à déplacer en même temps. Parce qu’un train, c’est lourd. Donc quand on veut transporter un petit nombre de personnes par exemple, alors il faut trouver des moyens de transport qui sont plus légers, ou encore des téléphériques. Même s’ils sont moins efficaces !  

(…) Et au-delà de la problématique de l’énergie, il y a la problématique des matériaux qui, de toute façon, ont un impact sur l’énergie. Donc dans la réflexion qu’on peut avoir sur les moyens de transport, il faut prendre l’ensemble en considération. (…) 

Vous pouvez peut-être nous dire un mot sur votre engagement plus large, dans le cadre de votre rôle de responsable du développement durable dans l’école ? Qu’est-ce que cela peut offrir aux étudiants en plus de leurs cours ?  

Olivier : Vu mon engagement fort sur le sujet, j’ai été désigné responsable du développement durable. L’idée, c’est d’animer les réflexions de l’école pour développer beaucoup plus de formation et de recherche sur les transports décarbonés. (…) Par exemple, comment on développe d’autres modes d’électrification des voitures, pour que les voitures électriques puissent remplacer complètement les voitures thermiques. Mais aussi des réflexions pour que, en tant que citoyens, tous les étudiants prennent l’habitude d’avoir un comportement éco-responsable dans la façon dont ils vivent sur le campus (zéro déchet, pourquoi pas potager, réduction de la facture énergétique, etc.). 

Vous avez des étudiants qui sont très engagés ? 

Olivier : J’aide les étudiants qui s’engagent, notamment par la création d’une association étudiante sur le développement durable, ou qui ont des projets de création d’entreprise. Par exemple, j’ai un étudiant qui veut créer une voiture qui consomme 1 litre d’essence au 100km. Et enfin j’aide tous les étudiants qui veulent sensibiliser leurs copains au travers de la Fresque du Climat.

Bref, vous vous amusez dans ce métier, quoi ? 

Olivier : Oui. 

Et les étudiants, ils ont l’air de s’amuser ?  

Olivier : En tout cas, les étudiants qui sont intéressés par ces sujets-là sont bien contents d’avoir des adultes qui s’engagent auprès d’eux. Tout ça, ça permet d’avoir des super relations avec les étudiants engagés dans l’écologie.

  • Et si tu souhaites t’inscrire au concours d’entrée à l’Estaca, fais-en la demande sur Parcoursup en janvier 2021 !

 

QUELQUES SOURCES INTERESSANTES

  • Le lien de la rubrique « ferroviaire » du site web de l’Estaca.
  • Envie d’en savoir plus sur les liens entre transports, énergie et climat ? Consulte notre fiche pédagogique.
  • Comment se déplacer en émettant moins de CO2 ? Découvre notre poster.

 

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