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FICHE Pédagogique Primaire
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Quand on mange, on consomme aussi du pétrole

Elevage de bovins au Japon
Elevage industriel de bovins près de Fukuyama au Japon ©Yann Arthus-Bertrand

Fruits importés des tropiques, tomates en hiver, eau en bouteille, viande en abondance, plats préparés… On ne se nourrit plus aujourd’hui comme en 1950. Le problème est que cette alimentation consomme une grande quantité d’énergie. Changer nos habitudes alimentaires est un excellent moyen de réduire notre empreinte carbone.

L’empreinte carbone de l’alimentation

Tout le monde le sait désormais : l’avion et la voiture ne sont pas les meilleurs alliés du climat. Mais qui se rend compte que notre assiette n’est guère plus verte… L’alimentation contribue pour une grande part aux émissions de gaz à effet de serre. Production agricole, transport, emballage, distribution, consommation, gestion des déchets : à chaque étape, on consomme de l’énergie, bien souvent du pétrole. Il n’est pas rare qu’un aliment soit produit dans un pays, conditionné dans un autre et vendu dans un troisième. Les ingrédients composant un simple yaourt aux fruits ont ainsi pu parcourir plus de 9 000 km ! Progressivement, notre alimentation a évolué et son impact sur l’environnement a augmenté. Au point que désormais, l’alimentation représente, hors emballage et traitement des déchets, un quart de l’empreinte carbone des Français.

Empreinte carbone du secteur alimentaire.
L’alimentation des Français représente un quart de leur empreinte carbone. © ADEME

Les transports sont les premiers responsables des émissions de CO2 liées à l’alimentation. Étonnamment, ce ne sont pas les transports longue distance comme l’avion et le bateau qui consomment le plus de carburant car ils transportent de gros volumes, mais les consommateurs lorsqu’ils prennent chacun leur voiture individuelle pour aller faire leurs courses au supermarché. Transporter un kilo de fruits dans une voiture peut être bien plus polluant qu’une tonne dans un bateau…

La métamorphose de l’agriculture

L’agriculture s’est métamorphosée après la Seconde guerre mondiale. Entre les années 1950 et 1970, le pétrole a joué un rôle décisif dans sa modernisation, avec la multiplication des machines agricoles et des engrais chimiques fabriqués à partir du pétrole.

L’agriculture émet des gaz à effet de serre, mauvais pour le climat, de plusieurs manières :

  • l’élevage. Au moment de leur digestion, les animaux d’élevage, surtout les vaches, font des rots, qui émettent du méthane.
  • les engrais. Le fait d’épandre du fumier ou des engrais azotés dans les champs entraîne l’émission de protoxyde d’azote, un autre puissant gaz à effet de serre.
  • la consommation d’énergie. Les exploitations agricoles émettent du CO2 en brûlant des énergies fossiles, pour faire fonctionner leurs tracteurs et autres machines agricoles et chauffer les serres. Il faut aussi compter avec l’énergie utilisée pour produire et transporter les engrais chimiques.

QUELQUES PISTES POUR AGIR ET RÉDUIRE NOTRE EMPREINTE CARBONE

  • 1 – MANGER DES FRUITS ET LÉGUMES DE SAISON

Des tomates en hiver, des pommes en juillet : les Français mangent désormais des fruits et légumes totalement déconnectés des saisons. On transporte la nourriture de plus en plus loin, et celle-ci se conserve de plus en plus longtemps grâce aux camions qui font du froid. Bananes, agrumes, mais aussi raisins, melons, fraises, poires sont les fruits les plus massivement importés en France. Transporter ces aliments sur des milliers de kilomètres a un coût pour le climat : car leur transport, en bateau, en avion ou en camion, est très gourmand en pétrole. Entre une pomme cultivée localement et un kiwi de Nouvelle-Zélande, le bilan carbone peut être multiplié par 10 !

Des cultures aspergées de pesticides en Corée du Sud
Des personnes aspergent des cultures de pesticides sur l’île de Jeju-Do en Corée du Sud © Yann Arthus-Bertrand

Quelques chiffres :

  • Une salade cultivée sous serre en France, en plein hiver, a un bilan CO2 deux fois plus élevé qu’une salade importée d’Espagne, cultivée en plein air.
  • 30% du transport de marchandises en France (principalement les poids-lourds) est consacré aux denrées agricoles et alimentaires.

Les solutions : Je mange local et de saison. J’évite la voiture pour faire mes courses. Je privilégie la marche, le vélo et les transports en commun car tout le bénéfice des aliments produits localement peut être annulé par les émissions de CO2 de ma voiture pour parcourir les quelques kilomètres qui me séparent du marché ou du supermarché. Je préfère les circuits courts. Je mange des produits issus de l’agriculture biologique ou dont je sais qu’ils sont cultivés en utilisant moins d’engrais et de pesticides.

LE SAVIEZ-VOUS ?

La France importe des pommes de l’étranger.

Même notre fruit national, la pomme, est parfois importée : cela concerne 15 à 25% de notre consommation. C’est 10 fois plus qu’il y a 10 ans. Elles font le voyage du Chili, du Brésil, d’Argentine, de Nouvelle-Zélande ou d’Afrique du Sud. Or une pomme venant du Chili génère 15 fois plus de gaz à effet de serre qu’une pomme française ! Elles apparaissent souvent dans les magasins en juillet lorsque ce n’est plus la saison des pommes en France. Et si on décidait de ne plus manger de pommes lorsque ce n’est plus la saison ?

  • 2 MANGER MOINS DE VIANDE

Les habitudes alimentaires ont beaucoup évolué : on n’a jamais autant mangé de viande sur la planète. La consommation par habitant a plus que doublé depuis 1961, et ce alors même que 820 millions de personnes souffrent de la faim.

Le problème, c’est que, lorsque l’on mange de la viande, notamment du bœuf et de l’agneau, on consomme encore plus de pétrole ! Car pour faire un kilo de bœuf, il faut produire 10 à 50 kilos de céréales. Et qui dit des dizaines de kilos de céréales, dit de nouveau du pétrole pour faire tourner les tracteurs, fabriquer les engrains ou rouler les camions.

Emissions de GES de la viande
La viande rouge est plus émettrice de CO2 que la viande blanche © Le Monde

Quelques chiffres :

  • En 2017, 65 milliards d’animaux d’élevage ont été tués dans le monde, soit près de 2 000 par seconde.
  • En France, la consommation annuelle de viande a atteint un pic en 1988, avec 94 kilos de viande par habitant. Depuis, elle recule : elle était de 50 kilos en 2016.

Les solutions : Je mange moins de viande et de produits laitiers. Je mange plus de légumes secs et de céréales complètes pour remplacer une partie des protéines animales. Les lentilles, fèves, pois, haricots secs sont riches en protéines et leur culture ne nécessite pas d’engrais.

Comparatif du bilan carbone des repas
En choisissant mieux ses aliments, on peut diviser par 10 les émissions de son repas ! © ADEME
  • 3 – CESSER D’ACHETER DE L’EAU EN BOUTEILLE

La consommation mondiale d’eau en bouteille ne cesse de croître. Et sur ce point, la France n’est pas en reste. Alors que l’eau du robinet est accessible à tous et qu’elle revient 300 fois moins cher que l’eau minérale, notre pays occupe la 5e place au monde, derrière le Mexique ou la Thaïlande qui eux n’ont pas accès à l’eau potable.

Ce qu’on oublie quand on achète une bouteille d’eau d’un litre, c’est que la production de cette bouteille, fabriquée à partir de pétrole et de gaz naturel, nécessite jusqu’à 2 000 fois plus d’énergie que le traitement et l’acheminement de l’eau du robinet. Sans compter l’énergie nécessaire à son incinération ou à son recyclage. Il faut aussi tenir compte du transport : boire l’eau du robinet n’implique aucun transport alors qu’acheter un ou deux packs d’eau par semaine oblige à prendre la voiture et à brûler de l’essence.

Quelques chiffres :

  • Avec notre consommation annuelle d’eau minérale, on pourrait remplir 14 fois le Stade de France !
  • En France, la consommation annuelle d’eau embouteillée est de 125 litres par habitant.

Les solutions : Je bois de l’eau du robinet. Quand je me déplace, je n’achète pas de bouteille d’eau, mais j’utilise une gourde. Je limite les boissons sucrées. J’utilise éventuellement les bouteilles d’eau en verre consignées.

LA QUESTION DE SUNNY

Acheter local, c’est mieux pour le climat ?

Cela dépend car la phase de production pèse plus lourd que le seul transport dans le bilan carbone ! Il est parfois préférable d’acheter un produit agricole qui a parcouru des milliers de kilomètres plutôt qu’un produit local dont la production consomme énormément d’engrais et d’énergie. Par exemple, des tomates produites sous serre chauffée en Bretagne auront nécessité bien plus d’énergie, et émis bien plus de CO2, que des tomates ayant poussé sous le soleil d’Italie, et ce même si les tomates italiennes ont pris le camion.

  • 4 – RÉDUIRE LE GASPILLAGE ET LES DÉCHETS ALIMENTAIRES

Le gaspillage alimentaire concerne autant les pays pauvres que les pays développés. Dans les pays riches, les supermarchés n’hésitent pas à jeter des légumes à cause de leur forme, de leur taille, ou de leur aspect. Tous doivent se ressembler !

Au bout du compte, entre 25 et 30% de la nourriture produite annuellement pour la consommation humaine sont perdus ou gaspillés. Ce gâchis équivaut à 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Le gaspillage alimentaire en chiffres
Le gaspillage alimentaire : à quel moment survient-il ? © ADEME

Quelques chiffres

  • 85% des emballages jetés par les ménages en France sont des emballages alimentaires.
  • En France, on gaspille environ 150 kilos de nourriture par habitant chaque année, dont 29 kilos jetés à la poubelle à la maison. Sur cette quantité, 8 kilos sont encore emballés !

Les solutions : Quand je fais mes courses, je n’achète pas de trop grandes quantités. Je limite les produits emballés, j’achète en vrac. Avant d’acheter quelque chose, je pense aux emballages qui deviendront des déchets. Au restaurant, j’opte pour les plats du jour et les produits de saison. J’achète les fruits et les légumes moches et les produits en promotion qui approchent de la date limite de consommation. Si je ne finis pas mon assiette, je demande un doggy bag pour emporter mes restes à la maison. Je jette mes déchets alimentaires dans un compost que je déverse régulièrement dans mon jardin ou en ville dans un compost partagé.

ES-TU UN ENERGÉNIE ? DEUX QUESTIONS POUR LE SAVOIR :

Quelles sont les viandes animales qui génèrent le plus d’émissions de gaz à effet de serre ?

Le bœuf et l’agneau.

Pourquoi utiliser une gourde est un geste efficace pour le climat ?

Car cela évite d’acheter des bouteilles d’eau en plastique, qui nécessitent de consommer beaucoup d’énergie : il faut les fabriquer, les transporter et les recycler.

SUR CE SUJET, VOIR AUSSI LES FICHES

  • Le pétrole
  • Comment réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre ?
  • Consommer mieux, gaspiller moins
  • Des éco-gestes suffiront-ils à sauver le climat ?
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