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Comment réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre ?

Barrage édifié en sacs de sable sur le delta du Gange au Bangladesh pour contrer la montée des eaux (Chittagong District). Si l’on ne parvient pas à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, de nombreux territoires seront recouverts par les océans. © Yann Arthus-Bertrand
Barrage édifié en sacs de sable sur le delta du Gange au Bangladesh pour contrer la montée des eaux (Chittagong District). Si l’on ne parvient pas à réduire nos émissions de gaz à effet de serre, de nombreux territoires seront recouverts par les océans. © Yann Arthus-Bertrand

Les activités humaines ont fait exploser les émissions mondiales de gaz à effet de serre, entraînant une dangereuse perturbation du climat. Si nous voulons maintenir le réchauffement sous le seuil des 2°C, il existe plusieurs moyens. Le plus simple et le plus efficace reste de réduire notre consommation d’énergie.

Les rapports du GIEC

Pour limiter le changement climatique, la première chose à faire est de bien comprendre le phénomène et ses origines. C’est pourquoi depuis plus de 30 ans, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) informe les États et le grand public sur l’état du climat, en publiant des rapports d’évaluation très complets. Ces rapports ne sont pas de nouvelles études scientifiques, mais font la synthèse des travaux publiés par des milliers de chercheurs dans le monde entier au sujet du changement climatique.

Que nous dit le GIEC ?

Voilà en quelques points, les conclusions du GIEC dans ses derniers rapports :

  •  Les activités humaines, et notamment l’usage des énergies fossiles, ont conduit à une hausse exceptionnelle de la concentration des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, transformant le climat à un rythme jamais vu par le passé.
  •  Le GIEC propose 4 prévisions différentes de réchauffement de la planète pour les années à venir, en fonction du comportement de l’homme. Ces prévisions sont appelées des scénarios. Le scénario le plus optimiste implique de fortes réductions d’émissions de gaz à effet de serre. Si la communauté internationale prend des mesures sérieuses, elle peut réussir à limiter le réchauffement sous le seuil des 2°C par rapport aux températures mondiales relevées au 19e siècle. A l’inverse, le scénario le plus pessimiste prévoit que le réchauffement de la planète puisse dépasser les 5°C en 2100. Malheureusement, ce n’est pas de la science-fiction : c’est un scénario tout à fait envisageable car il correspond au maintien des émissions actuelles. C’est ce qui pourrait arriver si aucun effort n’est fait pour changer nos habitudes et nos modes de consommation.
Prévisions du réchauffement planétaire, selon le GIEC.
Prévisions du réchauffement planétaire, selon le GIEC. En haut (RCP 2.6), si l’homme réduit ses émissions, la Terre se réchauffera de moins de 2°C d’ici 2100. En bas (RCP 8.5), si l’homme ne change pas son comportement et continue à brûler du pétrole, du gaz et du charbon, la Terre se réchauffera par endroits de plus de 5°C. © Réseau Action Climat
  •  Dans le pire des scénarios, la hausse du niveau des mers pourrait atteindre 1,10 mètre en 2100, ce qui mettrait en péril une personne sur dix dans le monde car nous sommes de plus en plus nombreux à vivre près des côtes.
  •  Les événements climatiques extrêmes deviennent plus intenses et plus fréquents. Cela signifie entre autres plus de pluies diluviennes, plus de sécheresses et des ouragans plus violents.

Pour rester sous le seuil des 2°C, voire celui des 1,5°C, la seule solution est de suivre le scénario le plus ambitieux. Par conséquent, il nous faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70% d’ici 2050. L’idéal serait même d’arriver à 0 émission à cette date.

LA QUESTION DE SUNNY

Qu’arrivera-t-il si l’on dépasse le seuil des 2°C ?

Depuis la fin du 19e siècle, la température moyenne du globe a augmenté de 1,1°C. Ce réchauffement s’accentue chaque année. En 2009, à Copenhague, les États membres de l’ONU ont décidé de fixer un seuil à ne pas dépasser : 2°C. C’est un seuil symbolique au-delà duquel les conséquences seront très graves sur Terre. Mais cela ne signifie pas qu’à moins de 2°C, tout ira bien, et qu’à plus de 2°C, ce sera la catastrophe ! Des îles ont déjà été englouties sous les eaux et des milliers d’espèces sont déjà en voie de disparition. La seule chose à retenir est qu’il faut limiter le réchauffement au maximum, et le plus vite possible.

Comment faire ?

La hausse des émissions de gaz à effet de serre s’explique principalement par deux raisons : la croissance économique et l’augmentation de la population sur Terre. Ces deux phénomènes ont largement contribué à nous faire brûler encore plus d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz). Réduire notre consommation d’énergie est la priorité numéro un mais, plus largement, nous devons changer notre façon de vivre, de manger ou de nous déplacer.

Voilà quelques pistes évoquées pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre :

  • Préserver les puits de CO2, que sont les sols, les océans et les forêts, qui absorbent le CO2 en excès présent dans l’atmosphère. Cela veut dire : cesser la déforestation massive comme en Amazonie, reboiser, gérer les forêts durablement, ne pas faire disparaître les sols vivants en y construisant des bâtiments inutiles ou encore protéger les océans.
  • Cesser de consommer des énergies fossiles.
  • Développer les énergies sobres en carbone, comme les énergies renouvelables ou le nucléaire, qui présente toutefois d’autres dangers.
  • Développer les low-tech, ces technologies qui consomment moins d’énergie.
  • Réduire les émissions des transports, notamment l’avion et la voiture. Encourager la marche, le vélo et les transports en commun.
  • Améliorer l’isolation des bâtiments.
  • Modifier son alimentation : manger local, consommer moins de viande, diminuer le gaspillage alimentaire.
  • Développer une agriculture plus respectueuse des sols, réduire la quantité d’engrais et de pesticides.
  • Consommer moins et mieux : acheter moins d’objets électroniques, de vêtements, apprendre à les réparer. S’interroger sur la provenance de nos achats et privilégier le local si possible, en raison de l’impact du commerce sur le climat.
  • Réduire les déchets, mieux les trier et les recycler.
Une ville de Louisiane après le passage de l’ouragan Kathrina en 2005.
Une ville de Louisiane après le passage de l’ouragan Kathrina en 2005. Le changement climatique accentue la force des ouragans. © Yann Arthus-Bertrand

Les obstacles à la réduction des émissions

Si l’on sait comment faire, pourquoi ne réduit-on pas dès maintenant nos émissions de gaz à effet de serre ? C’est que la route est semée de nombreux obstacles. En voici quelques-uns :

  • Les freins sociaux

Parfois, c’est la population elle-même qui s’oppose aux réformes qui iraient pourtant dans le bon sens. Ainsi, certains États prélèvent une taxe carbone. C’est une taxe environnementale sur les émissions de CO2. Plus on émet de gaz à effet de serre, plus la taxe est élevée. Cet impôt vise à modifier les comportements et pousser les consommateurs à acheter des produits moins carbonés. Elle est souvent mal acceptée par les populations qui refusent de dépenser plus d’argent pour faire leurs courses ou remplir le réservoir de leur voiture.

En France, c’est la hausse d’une taxe carbone qui a donné naissance au mouvement de contestation des Gilets Jaunes.

Manifestation de gilets jaunes, Charleville-Mézières, 5 janvier 2019
Manifestation de gilets jaunes, Charleville-Mézières, 5 janvier 2019 © WikiMedia Commons
  • Les freins politiques et économiques

Bien que les énergies fossiles émettent chaque année des tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, les États continuent à les financer massivement, en leur offrant des subventions. Cela doit changer si on veut consommer moins de pétrole et de charbon.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, la croissance économique est devenue l’obsession des gouvernements. La plupart incitent les particuliers à consommer plus, afin de produire plus, et d’accroître ainsi les profits des entreprises et de stimuler la fameuse croissance. Dès que celle-ci ralentit, on crie à la tragédie. Pourtant la croissance ne peut être illimitée, puisque les ressources naturelles sont elles-mêmes limitées. Surtout, qui dit produire plus, dit émettre plus de CO2 : la croissance entraîne automatiquement une hausse des émissions.

  • Les freins psychologiques

Certaines habitudes sont difficiles à changer. Cela prend du temps. Durant des décennies, on a utilisé le pétrole sans se poser de question, pris l’avion comme on prend le bus, cédé à la publicité, acheté et acheté encore des appareils ou des vêtements pour suivre la mode mais pas nos besoins… La première révolution climatique doit se faire dans les têtes.

Le problème est que les citoyens sont ballottés entre des messages contradictoires : d’un côté, on leur demande de faire des éco-gestes et de réduire leur consommation, mais de l’autre, ils sont en permanence sollicités pour consommer davantage, notamment par la publicité !

En outre, l’homme a tendance à penser qu’il a tout son temps pour agir. Tant que la catastrophe n’est pas à sa porte, il tarde à réagir. Le problème est que si l’on ne fait rien aujourd’hui, la situation sera pire demain.

  • Les freins techniques

Une autre difficulté réside dans les difficultés techniques. Ainsi, l’impossibilité de stocker massivement l’électricité freine le développement des énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire.

LE SAVIEZ-VOUS ?

L’adaptation au changement climatique est un enjeu crucial.

Atténuer les émissions de gaz à effet de serre, c’est indispensable, malheureusement, le changement climatique a déjà des effets sur la planète. En même temps qu’elles réduisent leurs émissions, les sociétés doivent donc s’adapter afin de limiter les dégâts : par exemple en construisant des digues pour empêcher les régions côtières d’être inondées, en favorisant les espaces verts en ville pour rendre les canicules plus supportables ou encore en renforçant les bâtiments dans les zones frappées par les ouragans. C’est ce qu’on appelle l’adaptation au changement climatique.

Capturer le CO2, une bonne solution ?

En 2018, le GIEC a évoqué pour la première fois la nécessité de recourir aux technologies de capture et stockage du CO2. Ces technologies consistent à capturer le CO2 produit au niveau d’une cimenterie ou d’une centrale thermique par exemple, puis à l’enfouir sous terre, dans une roche où il restera stocké pour une très longue durée. Le problème : l’urgence n’est pas d’ôter le CO2 de l’atmosphère, ce qui est coûteux et potentiellement dangereux, mais plutôt de cesser d’en produire !

Les apprentis sorciers du climat

Beaucoup comptent avant tout sur la technologie pour résoudre la crise climatique. La géo-ingénierie regroupe les techniques mises au point par l’homme pour modifier à grande échelle le climat afin d’éviter un réchauffement trop important. Certaines de ces technologies semblent farfelues, pourtant de nombreuses expérimentations sont en cours à travers le monde. En voici un petit aperçu :

  • Certains songent à arroser les fonds marins avec des particules de fer. Cela permettrait de stimuler la croissance du phytoplancton qui a la capacité d’absorber le CO2. Le problème est que cela réduirait la quantité d’oxygène dans l’océan et entraînerait la mort de nombreuses espèces.
  • D’autres envisagent de refroidir la planète en pulvérisant des particules de soufre dans l’atmosphère afin d’atténuer le rayonnement solaire.
  • Pour réduire les radiations solaires, d’autres étudient la possibilité d’installer des miroirs dans le ciel afin de renvoyer les rayonnements lumineux vers l’espace.
Sunny et les miroirs dans l'espace

Le problème est qu’on ignore quels dangers représenteraient ces technologies une fois développées à grande échelle. Et puis, une fois lancées, aurait-on les moyens et les ressources pour continuer éternellement ? Surtout, elles posent un grave problème éthique, car elles donneraient le contrôle du climat planétaire à une poignée de personnes : des États puissants, des milliardaires ou encore des multinationales. Comment imaginer qu’un État puisse décider seul d’injecter du soufre dans l’atmosphère afin d’améliorer le climat sur son territoire, alors que ce procédé réduirait les pluies à un autre endroit du monde et y rendrait la vie impossible ?

SUR CE SUJET, VOIR AUSSI LES FICHES

  • Qu’est-ce que le changement climatique ?
  • Le climat, une affaire d’États
  • Quels moyens pour faire bouger les États ?
  • Des éco-gestes suffiront-ils à sauver le climat ?

LA CITATION POUR ALLER PLUS LOIN

Il faut réduire les émissions mondiales de 7,6 % par an au cours de la prochaine décennie pour atteindre l’objectif de 1,5°C fixé à Paris.

Quelques jours avant l’ouverture de la COP25 à Madrid, fin novembre 2019, les Nations unies ont publié un communiqué alertant les États de l’urgence à agir. En effet, même si tous les engagements pris par les États membres dans le cadre de l’Accord de Paris sont mis en œuvre, les températures augmenteront de 3,2°C, ce qui aurait des conséquences climatiques destructrices. Selon l’ONU, les efforts collectifs devront au moins être multipliés par cinq : entre 2020 et 2030, les émissions mondiales de gaz à effet de serre devront absolument diminuer de 7,6% par an si on veut limiter le réchauffement climatique sous les 1,5°C, l’objectif prévu par l’Accord de Paris.

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