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Podcast – Et si des betteraves pouvaient faire rouler ma voiture ?

Au Brésil, 6 millions d'hectares de terre sont dédiés à la culture de la canne à sucre, à part égale à destination de la production de sucre alimentaire et d'éthanol.

Des betteraves pour faire rouler ma voiture ?! En voilà une idée farfelue ! Et pourtant, cette idée a germé dans la tête de Nikolaus Otto et de Rudolph Diesel. A la fin du XIXe siècle, tandis que la Belle Époque bat son plein et que la voiture fait peu à peu son apparition, ces deux ingénieurs allemands inventent les premiers modèles de moteurs capables de fonctionner grâce à des huiles issues de plantes : les biocarburants. Incroyable non ?  

Prends ton râteau, on va se creuser les méninges … et la terre ! Tadaaaaam te présente, dans ce nouvel épisode, tout ce que tu ne sais pas sur ces carburants végétaux. 

Biocarburants, agrocarburants, on parle de quoi ? 

« Bio » carburants, cela ne veut pas dire qu’ils sont « biologiques », au sens que l’on donne à l’agriculture biologique, qui n’utilise ni pesticides ni engrais chimiques. Cela signifie juste qu’ils sont produits à partir de matière vivante, en l’occurrence des végétaux.

Aujourd’hui, il existe deux sortes de biocarburants : le biodiesel, fabriqué à partir d’huile de palme ou de colza et que l’on mélange au gasoil ; et l’éthanol, produit à partir des betteraves, de la canne à sucre ou des céréales et qu’on mélange à l’essence traditionnelle.  

Alors comment ça fonctionne ? Les sucres contenus dans les plantes sont transformés en alcool grâce à un procédé que l’on appelle la fermentation. L’alcool est ensuite distillé, c’est-à-dire « trié » pour ne prendre que la partie qui nous intéresse, puis il est déshydraté pour obtenir du bioéthanol. 

Nikolaus Otto et Rudolph Diesel, les grands maîtres du biocarburant 

La découverte des biocarburants est arrivée à la fin du XIXème siècle, à peu près au même moment que l’apparition de la voiture à moteur. C’est Nikolaus Otto et Rudolph Diesel qui en ont été les grands prescripteurs. Ils ont inventé les premiers moteurs capables de fonctionner avec du carburant végétal.  

Avec l’arrivée massive du pétrole, une source d’énergie facile à extraire et abondante, ces biocarburants ont été un peu laissés sur la touche. Il faudra attendre les années 70 et les chocs pétroliers pour que le Brésil se lance à nouveau dans une production d’éthanol, réalisée notamment à partir de cannes à sucre. Dans les années 2000, les États-Unis et l’Europe s’en emparent et fabriquent alors de l’éthanol avec des betteraves, du blé, du maïs. Aujourd’hui, la France est d’ailleurs le 5e pays producteur mondial. 

Les biocarburants : c’est écolo ça ?  

Pour fonctionner, les voitures d’aujourd’hui utilisent principalement du carburant pour rouler, soit de l’essence ou du gasoil. Le problème, c’est que le carburant est produit à partir de pétrole qui est un combustible fossile particulièrement néfaste pour l’environnement. Ça veut dire qu’on le brûle, et quand on le brûle, on libère du CO2 , connu pour être un gaz qui réchauffe notre planète. 

Les biocarburants, une aubaine pour la planète et l’écologie ? Malheureusement, on s’est vite rendus compte que tout n’était pas si rose. En cause : 

  • Les biocarburants utilisent des terres qui pourraient servir à des cultures alimentaires. A l’heure où de nombreux pays souffrent encore de la famine, cette situation est difficilement acceptable. « Il faut choisir entre nourrir les hommes et nourrir les moteurs », accusent les ONG.
  • Les subventions offertes pour produire des biocarburants encouragent la déforestation, notamment en Indonésie et en Malaisie, où l’on abat des hectares de forêts tropicales pour planter des palmiers à huile. Or cette déforestation chasse de nombreux villageois de leur habitat, tout comme les animaux, affecte la biodiversité et libère d’importantes quantités de gaz à effet de serre.
  • Pour produire ces biocarburants, on dépense parfois une énergie folle. Pour avoir une idée précise de leur empreinte carbone, il ne faut pas prendre en compte uniquement le CO2 absorbé et restitué par la plante, mais aussi l’énergie et le CO2 émis pour fabriquer les engrais et les pesticides, faire marcher les machines agricoles, transporter ces carburants sur des milliers de kilomètres, comme par exemple d’Indonésie en France.
  • On voit se développer des cultures qui favorisent les pesticides, les engrais chimiques et les OGM car ces cultures ne sont pas destinées à l’alimentation humaine. Cela entraîne une perte de biodiversité et un appauvrissement des sols. En outre, ces cultures requièrent souvent une forte irrigation, ce qui pèse sur les ressources en eau.
  • On leur reproche leur faible rendement par rapport aux autres sources d’énergie. On estime que des cultures d’éthanol sur une surface équivalente à un terrain de foot peuvent faire rouler 2,6 voitures par an, alors que la même surface recouverte de panneaux solaires permettraient d’en alimenter 260, soit 100 fois plus !

Bref, tu l’auras compris, les biocarburants actuels ne séduisent pas encore tout le monde. L’avantage, c’est que des chercheurs se creusent les méninges pour améliorer leur impact écologique. Espérons qu’ils ne se plantent pas ! 

LE SAVIEZ-VOUS ?

Les biocarburants aussi ont plusieurs générations !

La bonne nouvelle, c’est que les biocarburants dont nous avons parlé sont ce que l’on appelle des carburants de première génération. Et il y en a en réalité déjà deux autres en préparation : la deuxième génération prévoit d’utiliser les parties non comestibles des plantes et les résidus de récolte : les tiges, la paille etc. Donc on pourrait à la fois nourrir les humains et les moteurs !

La troisième génération, elle, sera faite à partir d’algues microscopiques et permettrait donc de libérer les terres agricoles puisque tout serait dans la mer. Et là ça nous embêterait moins parce que de toute façon, on ne peut pas faire pousser de betteraves dans la mer pour l’instant…

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